La fermeture des maisons closes en France : une histoire législative
Le sujet de la fermeture maison close est intrinsèquement lié à l’histoire de la prostitution en France. En effet, les maisons closes ont longtemps été considérées comme des institutions où la prostitution était encadrée et contrôlée. La loi Marthe Richard du 13 avril 1946 a marqué un tournant décisif dans la législation française, entraînant la fermeture progressive des maisons closes sur tout le territoire.
Les maisons closes, une institution ancienne
Dès le Moyen Âge, les maisons closes, également appelées bordels, étaient présentes en France. Elles étaient alors perçues comme un moyen de limiter la propagation des maladies vénériennes et d’éviter la débauche dans les rues. Les autorités réglementaient et surveillaient ces lieux afin d’assurer leur bon fonctionnement.
Un encadrement strict
Pour être autorisées, les maisons closes devaient respecter certaines règles établies par les autorités locales. Ces conditions concernaient notamment l’emplacement, la taille, le nombre d’employées ou encore les horaires d’ouverture. Les tenancières, appelées maquerelles, étaient chargées de s’assurer du respect de ces règles ainsi que du paiement des taxes imposées par l’État.
Une offre variée pour tous les goûts
Il existait différents types de maisons closes, en fonction des attentes et des moyens de la clientèle. On trouvait ainsi les maisons de passe, les petits bordel ou encore les lupanars luxueux. Ces établissements proposaient divers services, allant de la simple chambre à louer pour une relation tarifée à des prestations plus sophistiquées, comme des spectacles érotiques, des jeux de rôle ou des repas accompagnés.
Les raisons derrière la fermeture maison close
Plusieurs facteurs ont conduit à la fermeture progressivement des maisons closes en France. Parmi ces éléments, on peut citer :
- L’arrivée au pouvoir de Marthe Richard, une ancienne prostituée devenue militante féministe et conseillère municipale de Paris. Elle a été l’une des principales instigatrices de la loi portant son nom.
- La volonté des autorités françaises d’en finir avec un système jugé archaïque et immoral, qui participait à l’exploitation des femmes et renforçait le stéréotype de la “femme-objet”.
- Le contexte politique de l’époque, marqué par la Libération et le souhait de reconstruire une société fondée sur des valeurs républicaines et égalitaires.
La loi Marthe Richard et ses conséquences
La loi du 13 avril 1946, dite loi Marthe Richard, a instauré l’interdiction des maisons closes en France. Cette législation a entraîné la fermeture de près de 1400 établissements sur l’ensemble du territoire.
Un impact sur la prostitution
Avec la fermeture des maisons closes, la prostitution s’est progressivement déplacée dans les rues et les hôtels. Les conditions de travail des prostituées se sont donc détériorées, avec une précarisation croissante et une exposition accrue aux violences. De plus, l’absence de contrôle sanitaire a favorisé la propagation des maladies vénériennes, contribuant à renforcer la marginalisation des personnes concernées.
Une législation en constante évolution
Depuis la loi Marthe Richard, la législation française autour de la prostitution n’a cessé d’évoluer. Le système abolitionniste adopté par la France interdit le proxénétisme sous toutes ses formes, ainsi que la traite des êtres humains et l’exploitation sexuelle des mineurs. En revanche, la prostitution en elle-même n’est pas illégale, bien que le racolage (actif ou passif) soit prohibé depuis 2003.
Le débat actuel autour de la fermeture maison close
La question de la réouverture des maisons closes est régulièrement soulevée dans le débat public français. Certains estiment qu’une régulation encadrée permettrait de mieux protéger les travailleuses et travailleurs du sexe, de lutter contre le proxénétisme et d’améliorer les conditions sanitaires liées à cette activité. D’autres considèrent au contraire que cela légitimerait un système d’exploitation et irait à l’encontre des valeurs égalitaires chères à la République.
Un sujet clivant au sein même du Parlement
Les députés et sénateurs français sont également divisés sur la question de la réouverture des maisons closes. Certains élus plaident en faveur d’une régulation stricte, tandis que d’autres militent pour une abolition totale de la prostitution. Malgré ces divergences, il semble peu probable qu’un changement législatif majeur intervienne dans un futur proche, compte tenu de la complexité du sujet et des enjeux sociétaux qui y sont liés.
La fermeture maison close est indissociable de l’histoire de la prostitution en France et de l’évolution des mentalités autour de cette activité. Si la loi Marthe Richard a marqué un tournant dans la législation française, elle n’a pas mis fin aux débats et aux controverses qui entourent encore aujourd’hui la question de la réouverture des maisons closes. Un sujet qui continue de diviser les Français et leurs représentants politiques.